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lundi, 23 avril 2012 / Publié dans Publications

Les enjeux actuels de la patrimonialisation de l’immigration

Discours de la Journée d’études sur la cité de Bassens, 12 avril 2012

Depuis les années 1980, notre pays connaît une double dynamique qui interroge l’ancrage patrimonial des populations héritières de l’immigration:
  1.  D’une  part,  les  pouvoirs  publics  ont  fini  par  s’intéresser  aux  lieux  et  objets  porteurs  des mémoires de l’immigration semblant marquer la fin d’un pays d’immigration qui s’ignore…
  2. D’autre part, « il y a en France, une multitude de personnes qui ne partagent pas la mémoire du  collectif  dominant,  qui  n’appartiennent  pas  ou  partiellement  à  ce  collectif-­Nation  et surtout qui ont du mal à partager ces émotions patrimoniales ». Ce constat montre combien le  patrimoine est socialement construit et qu’il ne suffit pas d’avoir accès aux objets ou lieux patrimoniaux  pour comprendre la valeur qu’ils ont prise dans l’imaginaire de l’Autre».
  1. Pour les pouvoirs publics, ils perçoivent dans ces initiatives de « patrimonialisation », le moyen de changer  les  représentations  et  de  valoriser  la  présence  mais  également  l’apport  « économique, démographique  et  culturelle  de  ces  populations,  de  favoriser  leur  intégration,  en  accordant  une place légitime à leur mémoire collective et aux éléments qui lui servent de support.
  2.  D’autre part, les migrants et leurs familles expriment une volonté de reconnaissance et aspirent à prendre une place légitime dans le grand récit national.

Depuis le début des années 1990, la question de la patrimonialisation  de l’immigration occupe une place  croissante   dans  l’agenda  des associations   d’immigrés   et  de  descendants   d’immigrés   et contribue à l’émergence d’acteurs sociaux, certains disent d’entrepreneurs autour des questions mémorielles.  Quelles sont les motivations de ces différents acteurs dont l’objectif est la prise en compte de ces mémoires dites de l’immigration?  

Et bien, il me semble  qu’au travers  des initiatives  associatives  menées  par les associations  et les acteurs sociaux réunis aujourd’hui autour de cette journée sur Bassens, et tout particulièrement l’initiative menée par l’association Made in Bassens, nous pourrons probablement dégager quelques réponses autour de ces initiatives citoyennes de valorisation mémorielle.

Cette  « mise  en  valeur »  des  mémoires  de  l’immigration  révèle  plusieurs  motivations et  surtout plusieurs  usages de la mémoire : ce sont les figures de ce processus  et leur mise en jeu sur des territoires  locaux  que  je  vais  tenter  de  présenter  au  travers  des  enjeux actuels  que  révèle  ce processus.  

Tout d’abord, il est important de revenir sur la notion de patrimoine. De rappeler que le patrimoine n’existe  pas  à  l’état  « naturel ».  Aucun  objet,  aucun  site,  aucune  pratique  ou  tradition  n’est  un patrimoine par essence mais devient patrimoine à travers un processus, un regard particulier qui le fait apparaître comme tel.

En somme, le patrimoine est socialement construit mais par qui ?  

La question  de la légitimité  de la production  de ces savoirs et de ces formes,  et davantage  leur diffusion dans un espace public plus large, est au cœur de la démarche d’Ancrages et de la journée que nous vous proposons aujourd’hui autour de la cité Bassens.

Cela m’amène  à évoquer  l’une des fonctions  sociales  de la mémoire¹,  la fonction  de réflexivité. Cette fonction révèle l’évaluation critique de sa propre destinée, ce qui revient à dire faire acte de mémoire  pour  faire  acte  de  conscience.  Dans  cette  fonction,  la  mémoire  est mobilisée  pour.  Se souvenir pour, ou, oublier pour. La mémoire est un cadre d’analyse pour se situer dans une histoire, pour définir  son mode d’affiliation.  Mémoire  de la raison,  plus que mémoire  du cœur.  C’est une mémoire  négociée  qui  se  veut  volontaire,  elle  est  travaillée  dans  un discours  rétrospectif  par  la nécessité d’une organisation et d’une réorganisation de la vie du sujet. Se souvenir, c’est accepter de s’inscrire  dans un héritage  jusque-là  dénié. Son mode narratif est le « je ». Elle utilise la mémoire individuelle et collective.

Cette fonction s’inscrit dans une forme de remobilisation et d’empowerment.

Nous  sommes   convaincus   qu’accompagner   ce  processus   de  mise  en  récit  des  mémoires   de l’immigration et de leur restitution dans l’espace public est fondamentale. Nous sommes à l’intermédiation de l’intime et du public, du récit et de l’archives, de la source et de la ressource.

De fait, le processus de patrimonialisation comprend plusieurs phases, dont au moins trois nous semblent à ce jour essentielles et révélatrices d’une demande sociale de mémoire :

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[li]Une réactivation  des mémoires dans le présent qui met en jeu différents acteurs (la mise en parole du “je”)[/li]
[li]Une restitution de ces mémoires auprès des groupes concernés (le “nous”)[/li]
[li]Une diffusion dans l’espace public permettant une production de possibles pour l’avenir, ainsi qu’un changement des représentations de/sur l’immigration (le “tous”)[/li]
[/list_circle]
Ainsi, la circulation et la diffusion des mémoires dans l’espace public (lieu de « tous ») apparaissent donc  comme  une  étape  nécessaire,  une sorte de chronique de la patrimonialisation, mais non suffisante, à l’enclenchement d’un processus en tant que tel, non pas au sens muséal du terme, mais au sens d’une transmission intergénérationnelle,  inter-­‐sociétale, interculturelle, en d’autres termes, s’inscrivant dans une démarche intégrée du patrimoine.

Cette démarche contenue dans les principes de la convention de Faro, aboutissement des travaux du Conseil  de  l’Europe  depuis  près  de  30  ans, offre  un  cadre  d’intervention  à  un  nombre  croissant d’acteurs  locaux.  Sa  particularité  est  de  poser  le  droit  au  patrimoine  culturel  comme élément structurant.  En  s’appuyant  sur  la  fondation  d’un  droit  individuel,  dans  la  lignée  des  droits  de l’Homme, et face au risque de devenir des « clients » du patrimoine, elle propose de faire passer chaque citoyen de bénéficiaire  à un statut d’« ayant droit ». Le plus important,  ici, est moins de déterminer précisément ce que sont les patrimoines culturels, que de poser les libertés individuelles et les droits en termes d’accès et de participation qui s’y rapportent…

L’objet ou le lieu patrimonialisable,  révélé par une étape de négociation  sociale, serait alors celui dont la valeur d’usage aboutit in fine à la mémoire  de « tous » les membres  de la « communauté patrimoniale.    Il  implique  plusieurs  parties  prenantes,  habitants,  acteurs  sociaux  et  institutions, bailleurs,  plusieurs  sources  d’archives  mobilisables  (archives  publiques,  privées,  récits,  mémoires vivantes, littérature, balades patrimoniales …), plusieurs démarches, citoyennes, archivistiques, artistiques, universitaires  … cette ensemble animé par des communautés  patrimoniales  composées de personnes attachées à un ensemble patrimonial donné. Comme le rappelle Jean Michel LENIAUD, auteur   de   L’Uthopie   française,   essai   sur   le   patrimonial   (Ed.   Mengès,   Paris   1992),   la   valeur conflictuelle du patrimoine dépasse les seules questions de valeurs communes et de vivre ensemble et  invite  chacun  à  innover  dans  son  mode  d’action  de  façon  à  prendre  en  compte  de  manière positive, les diversités patrimoniales. Il semble que les nécessités du présent l’imposent.

C’est au cœur de cette dynamique complexe que se situe l’expérience de notre association et de nombreux acteurs qui ne situent plus la question du patrimoine comme un monopole public ou un pré carré universitaire mais comme un droit fondamental et un bien collectif  dans lequel le citoyen est acteur.

La prise en compte de la mémoire de l’immigration traduit l’ancienneté du phénomène migratoire, son interrogation en tant qu’héritage français révèle la nécessité pour tout groupe social confronté à la question de la pérennité de son identité et à la pluralité de ses appartenances. D’autre part, la mémoire  de  groupe  social  est  aussi  un  enjeu  politique,  une  façon  de  définir  son  identité  et  de construire son histoire.

Enfin,  il est  important  de  rappeler  ici  l’enjeu  pour  les  pouvoirs  publics  que  revêt  cette  mémoire officielle   parfois  folklorisée   comme  l’expression   du  rapport  de  domination   et  ou d’instrumentalisation du fait mémoriel…. Le risque est celui de passer sous silence les inégalités et oppressions vécues d’une part et de masquer les dynamiques de luttes des générations précédentes, d’autre part.

Les acquis  sociaux  des luttes  sociales  seraient  alors présentés  comme  des « dons » de la société française,  du  modèle  d’intégration,  de  la  générosité  de  la  République….  C’est  en  construisant  ce roman   d’oubli   du  réel  tel  qu’il  a  été  présenté,   et  ce  roman   compatissant,   que  les  acteurs d’aujourd’hui risquent d’intérioriser  la « politesse » et la « reconnaissance » qui les posent dans un statut d’objet parlé et non de sujet parlant et revendiquant².

Enfin,  les  lieux  de  mémoire  dits  de  « l’immigration »  sont  des  lieux  à  mémoire  multiples  qui révèlent la mémoire ouvrière, celle de l’habitat social, des quartiers, des classes marginalisées et des territoires relégués… . Il est donc urgent de les reconnaitre dans cette pluralité de sens pour ne pas contribuer à « altériser » l’histoire des immigrations en France. La mise en œuvre   de la rénovation urbaine a été fondamentale pour initier les démarches de collecte des mémoires d’habitants.

Cette journée d’étude a pour objet d’y contribuer en réunissant les acteurs associatifs, culturels, artistiques, et universitaires qui travaillent sur ce territoire pour mettre à plat la question, capitale et urgente s’il en est, du devenir du Patrimoine  des quartiers populaires  et à travers elle, celle de la place des des habitants dans cette construction.

 

1. La transmission, La fonction de reviviscence, liée à l’expérience affective
et au vécu personnel
2. Collectif Manouchian, « Rapport colonial et mémoire de l’immigration », in,
Les Figures de la Domination [En ligne], mis en ligne le : 27/06/2009,
URL : http://www.lesfiguresdeladomination.org/index.php?id=207.
Étiqueté sous : immigration, patrimoine
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