» Il est mort le poète… »
Salim Hatubou vient de disparaître à l’âge de 43 ans. Auteur d’une trentaine d’ouvrages, tous genres confondus, cet écrivain et conteur franco-comorien a mené sa barque entre Marseille et son archipel natal des Comores. Salim Hatubou travaillait sans relâche à la sauvegarde du patrimoine oral des Comores en recueillant, à la source, les contes traditionnels.
Une enfance marseillaise
Il animait des ateliers d’écriture pour les enfants primo arrivant. Il voyageait à travers le monde pour faire entendre la voix des Comores et de la ville de son enfance : Marseille. En effet, à dix ans, Salim Hatubou s’installe dans les quartiers Nord de Marseille.
Dans le cadre de la réhabilitation des cités La Solidarité (où il a grandi) et Kallisté, il avait été missionné avec un photographe et un auteur compositeur pour mener un travail de Mémoire auprès des habitants pendant deux ans (2009 et 2010), ce qui a donné à livre (avec un CD et une exposition) intitulé « Solidarité-Kallisté : que sont nos cités devenues ? » paru aux éditions Images plurielles.
En résidence d’écriture avec le Théâtre la Baleine qui dit Vagues (Marseille), il a écrit et interprété « Kara’ ou le destin conté d’un guerrier », un feuilleton de 8 épisodes sur une épopée comorienne. Son texte, coécrit avec Damir Ben Ali, «Les remparts s’écroulent ou le destin ambigu du guerrier Kara » est mis en scène et joué à Marseille dans le cadre de Marseille Capitale européenne de la Culture 2013.
Du conte à la critique ouverte
Quelque soit la forme que revêt son engagement, du conte à la critique ouverte, il s’attaquait aussi bien aux travers de son pays de naissance en dénonçant les mariages arrangés aux Comores, que la perte de la culture commune à Mayotte passée sous giron français, ou l’échec de la politique d’intégration en France, et à Marseille en particulier, dont il sait quelque chose en ayant vécu dans les quartiers nord, et qu’il traduit dans « l’Odeur du béton » (L’Harmattan, 1998).